S’engager quand on est jeune

Un projet participatif sur l’engagement et la solidarité internationale avec des jeunes de 15 à 20 ans

Engagement
Citoyenneté mondiale
Participation
Solidarité Internationale
Réseaux sociaux

Régulièrement, des études illustrent un supposé désengagement des jeunes: les jeunes n’auraient plus confiance dans le système politique et se détourneraient des institutions démocratiques. Selon un sondage effectué en 2019 auprès de jeunes de 14 à 19 ans1, 63% des jeunes interrogés ont peu ou pas confiance dans le gouvernement et 69% ont peu ou pas confiance dans les politiciens. À l’inverse, d'autres études et phénomènes d’actualité récents montrent le sentiment de conscience sociale et écologique dont semblent faire preuve les jeunes. Leur voix qui s’élèvent au travers des marches pour le climat, des mouvements #metoo ou Black Lives Matter en attestent.


Alors, les jeunes sont-ils engagés ou non? Et s’ils le sont, pourquoi s’engagent ils et comment? Quelles sont les formes de l’engagement de la jeunesse aujourd’hui? Pour répondre à la question, Enabel, l’agence belge de développement a confié à Méthos la mission d’écouter les jeunes entre 15 et 20 ans et mener avec eux avec un projet participatif visant à expérimenter des nouvelles formes d’engagement sur les thèmes de la justices sociales et de la solidarité internationale.

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Thomas Lommée - © UGent, photo Hilde Christiaens

 

Écouter la jeunesse

La première étape de notre travail a été de questionner avec et auprès des jeunes les catégories et les modes d’action de l’engagement. Ceux traditionnellement admis comme: signer une pétition, s'engager dans une ONG sont ils toujours pertinent pour décrire et juger du niveau d’engagement de la jeunesse? Comment s’engagent les jeunes aujourd’hui? Quelles formes prennent leurs initiatives et leurs actions?


A travers des rencontres et des échanges que nous avons menés partout en Belgique, les jeunes montrent la richesse, le foisonnement et l'éclectisme des formes de l’engagement d’aujourd’hui, très loin de l’idée d’une jeunesse passive et indifférente aux enjeux sociétaux. L'indignation est bien présente et la volonté d’agir l’est également: oui, la jeunesse veut changer le monde. Si tous ne savent pas forcément comment s’y prendre et à qui s’adresser, beaucoup s’essayent à leur niveau, dans leur cercle familial ou amical, et commencent simplement, localement à prendre position, à faire évoluer leurs habitudes et leurs comportements et à défendre des valeurs liées à l’écologie, au féminisme ou à l’anti-racisme.

"C'est moi qui ai expliqué le féminisme à mes parents."

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Entre 15 et 20 ans, l’engagement pour des valeurs se développe souvent en même temps qu’un processus de construction identitaire pendant lequel les jeunes s’ouvrent au monde en même temps qu’elles.ils se découvrent eux-même. C’est dans cette période de vie intense, sous de multiples influences (famille, école, amis, réseaux sociaux) que se mêlent indignation et confiance, sentiment de puissance et difficulté à être écouté, désir de collectif en même temps que recherche d’affirmation de soi et que petit à petit s’affirment et se questionnent des valeurs et des choix.

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Tous engagé.e.s

L’expérience vécue et décrite par les jeunes nous invite à repenser les modes de l’engagement: être engagé.e ne se résume pas à faire partie d’une organisation. La notion d’engagement - tout comme celle de la jeunesse d’ailleurs - échappe aux tentatives de définition figées, tant ses formes s’inventent chaque jour. Elles sont souvent pour les jeunes d’abord informelles et se réalisent en dehors des structures habituelles et connues (ONG, institutions..): elles sont le fait d'initiatives individuelles et spontanées, comme décider de prendre la parole sur les réseaux, décider d’organiser un rassemblement ou un sit-in, ou décider de mettre sur pied une opération de bienfaisance. Poussés par l’envie de faire, les jeunes passent à l’action sans forcément passer par une structure préétablie.

Nous trois on est passé par la case ONG: Amnesty international et Oxfam. A un moment ça nous convenait plus. On avait envie d'exprimer notre engagement d'une autre manière

 

Barrières à l'engagement

Tous les jeunes ne sont pas issus des mêmes milieux, qui selon les cas sont plus ou moins fertiles au développement d’une pensée citoyenne et d’un désir d’engagement chez les jeunes. Si la volonté d'être actif est présente chez tous, tous ne sont pas encouragés de la même manière par leur environnement social, familial ou par leur école. Dans le même temps, l’écosystème des ONG et organisations en Belgique apparaît fragmenté et difficile à appréhender pour les jeunes. Pour ceux qui n’en font pas partie, il faut s’armer de courage pour aller frapper à leur porte.

Les barrières à l’engagement sont donc bien présentes et peuvent expliquer le fait que les sondages ne parviennent aujourd’hui pas à bien décrire l’énergie dont la jeunesse fait preuve, tant elle s’actualise encore beaucoup en dehors des structures officielles.

Au niveau de la loi, du gouvernement, on dirait qu’ils sont intouchables, qu’il y a une indifférence. (...) Je vois que je peux changer l’avis de mon camarade de classe qui est transphobe mais pas le politique!

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Presentation @ the SDG Forum

 

Proof of concept

Le travail de Méthos a amené à la rédaction de deux rapports (pour Enabel et Plan International Belgium). Les conclusions et principaux résultats sur l’état de l’engagement des jeunes ont été diffusés à l’occasion de webinars et du SDG Forum. Une série de podcasts avec des portraits de jeunes a également été réalisée et diffusée.

La suite du projet est en cours (2022) avec la réalisation d’un POC (Proof en Concept). Mené en collaboration avec un groupe de jeunes belges et de jeunes de pays du sud, le projet vise à expérimenter de nouvelles formes d’engagement sur le thème de la solidarité internationale de façon à remettre en question le rapport de force nord - sud. Stay tuned!

Making-of

Sint-Nickielaas. Example of civic engagement in a secondary school.

Ce qui mobilise les jeunes. Valeurs, centres d’intérêt et positionnements des jeunes en Fédération Wallonie-Bruxelles. Résultats du sondage effectué auprès de 500 jeunes de 14 à 19 ans. Sondage effectué par institut d’études Dedicated commandée par Annoncer la Couleur (Enabel).

A lire:
• Résumés de l’étude - factsheets (fr / nl)
• Rapport final Enabel (fr / nl / en)
• Article sur Apache.be (nl)
• Rapport final Plan International Belgium (fr-nl)  


A écouter:
Série de podcasts - portraits de jeunes belges et leur rapport à l’engagement


A voir:
• Présentation de l’étude (webinar)
After movie
• Film - Bigger than us Flore Vasseur (2021)


Bibliographie:
Étude - Annoncer la Couleur / Kruit (2019). Ce qui mobilise les jeunes. Valeurs, centres d’intérêt et positionnements des jeunes en Fédération Wallonie-Bruxelles. Résultats du sondage effectué auprès de 500 jeunes de 14 à 19 ans.
Les différentes faces de l’éducation à la citoyenneté mondiale - Rapport Enabel 2020
• Barrett, M. & Pachi, D. (2019). Youth Civic and Political Engagement. London: Routledge.
• Bennett, W. L. (2008). Changing citizenship in the digital age. In W. L. Bennett (Ed.), Civic life online: Learning how digital media can engage youth (pp. 1-24). Cambridge, Massachusetts: MIT Press.
• Thijssen, P., Siongers, J., Van Laer, J., Haers, J., & Mels, S. (Eds.) (2015). Political Engagement of the Young in Europe. Youth in the crucible. Abingdon: Routledge.
• Siongers, J., Keppens, G., Spruyt, B., & Van Droogenbroeck, F. (2019). On the digital lane to citizenship ? Patterns of internet use and civic engagement amongst Flemish adolescents and young adults. Journal of Social Science Education, 18(2), 67–86. https ://doi.org/10.4119/JSSE-90

Un projet réalisé pour les programmes de la citoyenneté mondiale Kruit et Annoncer la Couleur de Enabel, l'agence belge de développement.

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